J’ai récemment écouté une intervention de Rachel Jankovic pour Canon Press (une maison d’édition chrétienne américaine). Elle est Chrétienne, épouse et mère de sept enfants. Elle confronte le discours ambiant sur les épreuves de la maternité à ce que la Bible dit des épreuves en général. Rachel veut nous montrer que le monde dans lequel nous vivons nous dit que nous sommes trop fragiles pour être mères, mais que Dieu dit qu’il nous a rendues “antifragiles”.
J’ai aimé son audace et son courage alors je te partage les grandes lignes de son intervention.
Antifragile: la définition
Rachel est partie du titre du livre de Nassim Taleb intitulé “Antifragile: les bienfaits du désordre”. Voilà ce qu’en dit le New York Times:
Comment non seulement se prémunir et résister au chaos, mais l’utiliser pour devenir meilleur : voilà la proposition radicale d’Antifragile. Extrêmement ambitieux et pluridisciplinaire, Antifragile propose une méthode pour se repérer dans le monde contemporain, ce monde que nous ne comprenons pas et qui d’ailleurs est trop soumis à l’incertitude pour pouvoir être compris. Plein de finesse et d’esprit, le discours de Taleb n’en est pas moins révolutionnaire : ce qui n’est pas antifragile est voué au déclin.
Dans son livre Nassim Taleb distingue trois catégories:
- Ce qui est fragile: un stress quelconque va briser la chose soumise à une situations difficiles. ex: un vase jeté au sol.
- Ce qui est robuste: ne se casse pas facilement même dans des situations stressante. Est fait pour être malmené et résister (ex: balles de tennis).
- Ce qui est anti-fragile: s’améliore à travers une situation stressante. Une transformation positive est engendrée par la situation stressante (ex: le muscle qui par les micro déchirures provoquées par l’effort, gagne en volume et en force).
Le discours ambiant: tu es trop fragile
Le discours ambiant est qu’il faut “rester en dehors des difficultés, en dehors des épreuves”. Dès lors, impossible d’imaginer que la douleur et les épreuves peuvent être quelque chose de positif amenant une transformation.
Avec ce discours, toute résistance, toute difficulté, ressemble à un couteau remué dans une plaie.
En tant que mère, je remarque que nous sommes bombardées de messages qui nous disent que les femmes sont trop fragiles pour être mères. Une grossesse (désirée ou non), signe l’arrêt de notre vie de femme: notre silhouette est sacrifiée, notre corps portera les séquelles de la grossesse, de l’allaitement et la relation avec notre conjoint va en pâtir. Dépression, aliénation de la part de nos amis qui eux vivent ” l’excellente vie” de célibataires. Sans parler des conséquences pour notre carrière et des remarques désobligeantes… Tout le monde va te juger pour absolument tout! Bienvenue dans le monde cruel de la maternité dans lequel tu ne pourras pas être qui tu veux être. Adieu sommeil, bonjour culpabilité maternelle.
Face à une mère qui se plaint il y aura différentes réactions:
- La pitié: tu as fais de mauvais choix de vie. Sous entendu, “avoir 7 enfants n’est pas une bonne idée, il faut être complètement fou, a quoi est ce que tu t’attendais?”
- Les encouragement à “quitter” tout ce désordre et ces difficultés et à suivre ton coeur et tes rêves…ailleurs. (sous entendu loin de ton foyer)
- Les exigences: tu as le droit d’exiger que ton mari fasse plus de tâches ménagères, tu es en “droit” d’avoir plus de repos ou au moins un bon verre de vin et un peu de yoga pour souffler.
- Et enfin, te dire que tu es “géniale” “extraordinaire”, et que ne devrais pas te sentir mal. Pour rien du tout . Peu importe ce que tu fais.
Rechercher l’approbation humaine nous mène à rechercher toujours plus d’encouragements, de validation. Cela nous entraine dans un cercle vicieux où les encouragements ne sont jamais suffisants: on en veut toujours plus! Finalement on se rend compte que cette valorisation est vaine dès qu’on la confronte à nos difficultés réelles. Pouf! Ce ne sont que des friandises qui ouvrent notre appétit, mais ne nous rassasient pas.
Les ratons laveurs ont comme leur nom l’indique, l’habitude de laver tout ce qu’ils mangent. Il y a une petite vidéo qui circule sur le net dans laquelle un raton laveur se voit offrir une barbe à papa… tu imagines la suite! Il la plonge dans l’eau et… hop plus rien, la barbe à papa a disparu! Voila à quoi ressemble ces encouragements superficiels.
Ces encouragements sont des choses que nous recherchons quand nous pensons que nous sommes fragiles. Nous regardons nos blessures, imaginons nos futures blessures et recherchons alors du réconfort dans les encouragements, les tapes amicales et les gros câlins.
Le discours biblique: tu es antifragile
Rachel montre ensuite que la thèse de Nassim Taleb est ancrée dans le récit biblique. Alors que nous pouvons tous comprendre quelque chose de l’anti-fragilité simplement en observant le fonctionnement de nos muscles, cette compréhension est exacerbée en tant que chrétiennes.
Dans la Bible, des images de transformations radicales sont utilisées. L’or qui est passé au feu pour être purifié, le fer qui aiguise le fer, un père qui discipline ceux qu’il aime. Les moyens que Dieu utilise pour nous faire croître sont imprévisibles et incompréhensibles pour le monde qui nous entoure.
Le creuset est pour l’argent, et le fourneau pour l’or; Mais celui qui éprouve les coeurs, c’est l’Eternel.
Proverbe 17:3 La Bible
Sans Dieu, impossible de voir la laideur du péché, de comprendre la tristesse et d’imaginer les épreuves comme quelque chose qui va nous transformer, quelque chose de glorieux. Notre attitude n’est pas simplement de “survivre” et “résister” mais d’aspirer à la transformation.
Rachel nous le rappelle: nous avons été rachetés par le sang de Christ et notre Dieu règne sur toutes choses. Ton stress, ton épuisement avec tes enfants, il les connait. Pourquoi alors, aller chercher des conseils de vie chez des personnes qui ont “l’air” de gérer leur vie alors que Dieu lui même veut te restaurer et te fortifier? Il te connait mieux que tous les comptes Instagram, tableaux d’encouragement Pinterest qui te caressent dans le sens du poil.
Oui la maternité apporte son lot de défis. Sont-ils là pour nous détruire et nous briser? Non.
Nous marchons avec Dieu qui lui a déjà tout traversé. En Christ nous pouvons nous laisser transformer par nos circonstances difficiles pour lui ressembler davantage. Il vise notre croissance, il veut nous utiliser pour étendre son règne. Alors laissons les blessures, les dérangements, les troubles et désordres nous donner l’occasion de manifester à quoi ressemble une vie chrétienne .
Nous pouvons nous trouver des excuses et nous plaindre. Beaucoup seront partants/tes pour se plaindre avec nous ! Ou nous pouvons choisir de voir les circonstances difficiles comme le feu par lequel Dieu nous fait passer pour nous faire grandir alors que le monde dans lequel nous vivons fait tout pour retirer les difficultés de la vie.
Rachel nous encourage à nous tourner vers la parole de Dieu qui nous permet de donner un sens à ce que nous traversons. Nous avons besoin de l’Évangile “anti-fragile” et de son courage. Nous avons besoin de faire confiance à Dieu et de marcher dans une pleine confiance en lui et en ce qu’il a accompli. Nous avons besoin de nous rappeler que notre identité se trouve en Christ et que nous sommes donc, de fait, anti-fragiles. Tout se que nous faisons en son nom participe à notre glorification future.
Remarques
Attention,
- Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas besoin de soutien, d’écoute et de compréhension en tant que mère. Rachel a voulu mettre ici l’accent sur un point en particulier.
- Nous avons besoin d’entendre ce genre de discours dans un monde qui nous abreuve de messages visant l’amour du moi et l’absurdité de la notion de sacrifice.
Prière de conclusion de Rachel
Notre père qui est au cieux
Nous te louons pour ta bonté miséricordieuse, abondante et pleine de compassion. Seigneur nous te remercions pour les joies véritables et les trésors durables que tu nous a donnés. Permets-nous, à travers ton Esprit, de persévérer dans la foi, de te rechercher à travers tous les feux que tu as prévu pour nous purifier. Nous embrassons ton but glorieux avec joie. Et nous courons les yeux fixé sur ton fils Jésus.
En ton nom, Amen
La vidéo de l’intervention de Rachel: [ENG]